
L’exposition « Être matière » (Emilio Chiofalo et Adèle Berlemont) interroge la sublimation et la transfiguration de la matière photographique. Elle propose un questionnement sur la photographie comme espace detransformation physique et poétique. Le geste et la spatialisation y sont des procédés qui déterminent et permettent l’émergence d’une dimension sensible nouvelle.
La photographie a souvent été réduite à sa planéité et à son absence de volume, la limitant ainsi à son statut d’image et non d’objet. Emilio Chiofalo et Adèle Berlemont s’emparent du médium photographique et l’éloignent alors de cette idée préconçue. Ils développent uneattention à la matière qui devient pour eux un espace d’incarnation. L’image, comme trace physique, se fait empreinte de leur propre vie intérieure.

Ces deux approches entremêlent matière et sensation, et viennent ici dialoguer dans un même espace. D’une part des fragmentations photographiques scrutent l’écorce de l’arbre, et tentent d’en faire émerger ses multiples aspérités. La planéité de l’image devient un espace de reliefs, redoublé par un jeu spatial ou le visiteur est invité à déambuler. De l’autre, diverses manipulations photographiques sur des tirages argentiques donnent formes et corps à des sensations liées aux variations de l’attention. Le contact physique entre la main et la surface photosensible crée un rapport étroit entre l’artiste et la matérialité de l’image.

Kyoung Ju LEE, curatrice




