
« Le textile est un matériau que la vie a constamment mis sur mon chemin. Toute petite, je brodais sur du carton. Je regardais ma mère et ma sœur broder, coudre … De cette nourriture familiale est certainement née ma curiosité textile et manuelle que je n’ai cessé d’explorer par la suite.
Dans ma première vie, j’ai été éducatrice en milieu pédiatrique hospitalier. Lorsque j’ai souhaité changer de métier, mes rencontres et mes recherches m’ont ramenée à l’évidence de la création textile, de la broderie.
Je ne liais alors le textile qu’à l’univers de la mode. J’ai découvert l’univers du chapeau pour mettre en avant ce travail de matièrage auquel j’aspirais. J’ai créé la marque «Virginie Bécourt*», liant création textile et broderie aux bijoux de tête. Je souhaitais moderniser et revisiter le bibi comme accessoire quotidien. L’appropriation des techniques m’a permis de les détourner selon mes besoins et mes envies en tissant mon propre univers
Puis, j’ai découvert, au fil de mes recherches nourries de doutes et de questionnements, un nouvel effet de matière qui m’a amenée à créer, de façon spontanée, une sculpture « prise de tête ». Grâce à cette pièce, je suis devenue lauréate du prix de la création 2018 d’Atelier d’Art de France (IdF). Cette reconnaissance m’a permis de prendre du recul sur ma pratique, d’ouvrir le champ des possibles et d’explorer d’autres univers.
Un tournant et un nouveau positionnement créatif s’est alors mis en place … J’avais voulu me définir par un support (bijoux de tête) mais la création textile s’est rappelée à moi en tant que moyen d ‘expression « indépendant » et « multiple ».
Cette prise de conscience s’est aussi nourrie, en parallèle, de l’actualité et de l’ouverture à la reconnaissance du textile en tant qu’art à part entière, «hors la mode» : j’avais découvert le plissé lors de l’exposition de Mme Grès mais aussi le travail de Sonia Delaunay, l’exposition de Sheila Hicks …
Je trouve aussi très inspirant le travail des céramistes avec la recherche de matièrage incroyable comme le travail de Sophie Lavaux, d’Olivia Walker, Juz Kitson … »